Insularis - Extraits de la pièce

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Extraits de la pièce. 

 

Acte I. scène 1

Il écrit sur son journal de bord.  


 « Commencer à noter tout ça.

Nouveau carnet de bord.

Après les carnets de la grande braco, celui de cette tempête.

Commencer.

Et d’abord revenir au début.

Commencer par « quand ?» 

Établir clairement le point de départ de toute cette histoire.

Voyons voir.

Remonter le cours du temps.

Le naufrage. Voilà, tout a commencé avec le naufrage.

Partir de là. »


 

Acte I. scène 2

Il écrit à son bureau.

8ème jour de la tempête.

Arrivée de la colombe poignardée.

Route du port bloquée par l’écroulement du hangar à réparation. Vu personne. Obligé de passer par le chemin de la côte sud. Gorgé d’eau, enlisé deux fois. Bientôt plus d’essence pour la voiture…

 

 

Acte I. scène 9


— La chouette.              Pourtant un journal de bord, c’est juste un descriptif. Il ne s’agit pas de raconter des histoires mais simplement de noter ce qui se passe. Personne ne te demande de faire des phrases. Une tempête c’est une tempête.


— Le personnage.          Ah Petite Mère… Va t-en séparer les mots de la pensée… Et dès qu’il y a de la penserie faut que je fume.


— La chouette.              Allons allons, pas quand tu n’es plus sur ton journal de bord.


— Le personnage.          Mais mais mais, dès que je le quitte, c’est à devenir fou. A-t-on jamais vu une tempête pareille. C’est de noter ce qui se passe qui me permet de raison garder. Peux même plus sortir…


Il se dirige vers la table du jeu d’échecs.


Finir sinon par ne plus rien faire d’autre que de déplacer des pièces sur cet échiquier.


Il déplace une pièce. Regarde le jeu et remet la pièce à sa case de départ.
— Le kagou.                 Pièce posée, pièce jouée. Ce qui est joué est joué.
— Le personnage.          Cui Cui.
— Le kagou.                 Cui Cui ou pas, ce qui est joué est joué.
— Le personnage.          Cui Cui, cui cui et cui cui.
                                  Trop facile sinon de prendre la parole juste quand ça vous chante. Si je ne veux pas jouer ça, je ne le joue pas. Point. Et je joue ça.


 

 

Acte I. scène 10


Ciel de plus en plus sombre… tempête de plus en plus violente… tout fermer dans la baraque… plus sortir… plus dormir… ou comme ça, quand ça vient… même plus dans la chambre… n’importe où… canapé, fauteuil ou même à ce bureau comme… comme quand ? … même plus réveillé par le vacarme… tout est vacarme, partout, tout autour…

Plus sortir, sauf hier soir… hier ou avant-hier… soir… ou nuit…ou matin tôt… Allé dans le garage pour chercher le carton de cartouche de clopes acheté avant… avant tout ça… avant le début… le début de la tempête. Des maïs… impecc’ pour écrire les maïs… on fume et la fumée ne remonte pas dans les yeux. Pas besoin de tenir sa cigarette en main, on la garde au bec… impecc’… vraies clopes de carnets de bord… un carton de contrebande… Le continent et ses lois de tartuffions…Ah faut pas s’étonner qu’on ait le ravito par des fraudeux gréés façon voileux. C’est pas les douaniers de là-bas qui vont nous chiquer la ralingue.

Elle peut durer ce qu’elle veut, la garce !, je suis équipé. Paré pour les mots.

Cui Cui… Cui Cui- Cui Cui…

Peuvent bien inventer ce qu’ils veulent comme taxes et berdasseries, y aura toujours des rhumrunneurs pour les îles.

 

Acte II. scène 2


Il souffle dans ses mains, tente de se les réchauffer…


  Me mettre un truc sur la tête sinon je vais me chopper un mal de crâne… Et je n’ai plus d’aspro…

Il va chercher le bicorne et s’en coiffe…

  Ça fait du bien. Ça fait du bien et surtout ça a de la gueule. Hein, l’oiseau, ça a de la gueule ?

Ça fait marin.

Il prend ses jumelles, monte sur son petit tas de livres et de magazines et inspecte l’horizon à travers le vasistas…

Quel carnage …

Pas âme qui vive sur l’île…

Ces trombes qui s’abattent sur tout l’horizon.

Et là-bas, ma petite maison sur l’eau, seule, face à ces vagues lourdes.

Regarde-ça, l’oiseau… des lames de pétrole… Une tempête d’océan pollué… t’imagine la force des vents pour soulever de pareilles masses mortes…

 

Acte II. scène 4


(…) Il retire ses boules de coton et de cire de ses oreilles. Bruit accru dans la tempête…


 Non, l’oiseau, le point faible c’est le vasistas.

Regarde la maison sur l’île, ancrée à l’îlot de Naârlac’h … Juste une porte et une fenêtre avec ses volets… Aux premières vagues tout fut bouché partout par la boue dense de cette marée noire. Après, plus une seule prise possible. Eh, c’est pour ça qu’elle tient, toute seule sur l’eau, là-bas, ma petite maison…

Pschi-pschi-pschitttt… ? Quoi Pschi-pschi-pschitttt ?

Qui c’est qui Pschi-pschi-pschittte dans mon dos ?

T’as entendu l’oiseau ?

….

Là !

Là, à l’instant, ça a encore pschi-pschittté ?


Il inspecte le grenier… dans les coins les plus obscurs il fouraille avec son sabre…


  Des bêtes ?

J’en ai abattu moi, des bestioles… sur tous les continents…

Faut pas que ce soit des rongeurs…

Pas de lapins sur un bateau, par de rongeurs dans un grenier.

Question de sécurité. La tradition…

Ou alors des petits bouffeurs de bois ?

Si c’est ça, je vais te les étouffer, moi, en goudronnant aussi toutes les poutres et le toutim’ intérieur. Calfatage extérieur pour la tempête, enduit intérieur pour les bébêtes…

Là !

Ça vient de là !


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