Insularis,théâtre vient de Naamah, le roman

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Résumé du roman d’où part l’écriture de la pièce.

 

Une île. Une tempête. Un déluge. Une marée noire.

 

L’île est devenue ultime. Assaillie par une violente tempête et une marée noire qu’il l’isole irrémédiablement du continent, les jours s’éternisent dans une noirceur sans fin. Seul, l’ilot de Naarlac’h avec sa maison sur l’eau, semble encore résister au loin.

Canaan, habitant de l’île, exerçant les professions de nègre et de chasseur de safari, tente de retranscrire sur le papier, des entretiens enregistrés pour en composer un livre commandé par une maison d’édition pour gens célèbres. La commande d’un livre sur la découverte par un savant anthropologue des ossements du premier homme du monde.

Peu à peu, la tempête s’amplifie, la vie insulaire s’atténue enfermant chacun dans sa maison sous les coups de butoirs d’un ciel déchainé. Quand arrive le naufrage d’un super tanker, entraînant une marée noire. Le ploaque du pétrole encercle la côte ouest entre l’île et le continent.

Rythmé par les pause-arrêts du magnétophone, et les tentatives de sorties extérieures de plus en plus rares pour le nécessaire vital café-clopes, le nègre retranscrit. Détourné sans cesse de sa tâche soit par quelques bribes de vie insulaire et les conséquences climatiques qui transforment le quotidien en épopée maritime, la tâche s’annonce difficile.

Quand intervient la rencontre avec un peintre, l’écriture prend soudain une autre tournure. Venu dans l’île pour réaliser la commande d’une fresque pour la Chapelle Notre-Dame-du-Bon-secours, le peintre lui suggère de quitter ses fastidieux exercices d’écriture pour s'attaquer à  un vrai texte. Un texte dont le sujet porterait sur le regard qu’on pu avoir ces peintres célèbres de la capitale sur Naamah, modèle des peintres du début siècle, symbole d’un désir sublimé et d’un plaisir entrevu, incarnation du mystère de l’autre monde. Quelle est la vérité de la pose, la pensée de la beauté posant nue ?

La colombe poignardée, rendue immortelle par les talents du taxidermiste, arrive à prendre sa place dans la maison aux côtés de la collection insolite d’oiseaux empaillés de l’écrivain. Le chasseur n’a jamais tué les oiseaux, seuls les fauves étaient sa cible.

Compagnon d’infortune, les oiseaux deviennent peu à peu les seuls êtres avec qui, coupé de tout au plus fort des éléments en furie, il puisse encore livrer ses pensées et son doute.

Quel trouble a pu ressentir Naamah, exilée aujourd’hui loin du monde ? Elle qui a inspiré tant et tant de tableaux de nus féminins aux peintres les plus remarquables. Question lancinante noircissant les pages du carnet de bord ?

Alternant trois chantiers d’écriture, le livre de commande, le carnet de bord, et le livre de Naamah, en écho s’écrit et se réécrit les rencontres et les souvenirs, les personnages dont on ne sait au final s’ils sont réels, si le tourbillon des idées noires va pouvoir un jour sortir de cet enfermement.

Le carnet de bord comme un grand livre de la tempête où les jours racontent l’inexorable avancée de la marée noire, la fulmination sans fin des éléments, la pièce de théâtre qu’il avait tenté d’écrire, les bouquins de commande, le livre du peintre de la chapelle…

Comment percer le secret des pensées de Naamah posant nue pour la beauté. Chercher la vérité de cette femme dont la chute dans l’escalier a entrainé la descente aux enfers des pensées du doute de l’écrivain.

Souvenirs de safari, combats de contrées lointaines où tant d’animaux ont croisé sa route, expéditions aventureuses peuplent ses réflexions livrées sur la page de l’éphéméride du déchaînement climatique. De temps en temps, l’anecdote batifole au bord des lignes comme éclaircies de sa méditation forcée.

Le projet d’écriture du bouquin sur le premier homme a été soudain violemment contrecarré par l’injonction du peintre l’invitant à écrire le livre de Naamah. Pour cela, tous les jours il se rend dans la maison de Naamah, dont elle lui a confié la clé lors de son évacuation par hélicoptère vers l’hôpital.

Contemplant un à un les tableaux si émouvants, il tente d’en retranscrire cette quintessence de la beauté au retour dans sa maison. Devant les myriades de toiles, la présentant nue, la question apparaît, celle des secrètes pensées du modèle quand le peintre la peint. La question devient obsédante comme un scrupule ; dévoré par l’idée de honte et vaincu par un secret désespoir qui le hante, les pages qu’il noircit tournoient dans un dialogue à plusieurs voix avec sa conscience et ses oiseaux empaillés.

Les souvenirs qu’il tente de refaire apparaître sont-ils vrais ou la tempête entache de fausses vraisemblances des amours perdus à jamais.

Plus le temps passe sur le carnet de bord, plus les souvenirs s’entrechoquent dans la conscience. Plus la noirceur du ciel s’empare de l’île, plus le froid s’empare de la maison et de son être.

De plus en plus isolé, sa dernière tentative pour rejoindre la maison de Naamah s’étant terminée par une sérieuse blessure, il s’enferme définitivement dans son antre, attendant une hypothétique accalmie de la furie du ciel.

Les oiseaux empaillés de sa collection, derniers amis et confidents de son infortune, tentent de le guider dans ses pensées. Puis n’en supportant plus leurs harangues, il décide de s’en éloigner pour installer son bureau dans le grenier, où, au plus fort de la tempête il sait qu’il pourra toujours apercevoir au travers du vasistas, Naarlac’h, son île perdue au loin dans la furie des vagues.

Seul le paradisier, le seul bel oiseau muet de la collection, a eu la permission de l’accompagner dans son ultime refuge sous les toits. Dernier compagnon de son voyage en solitaire dans l’océan noir des mots devenus inaudibles et étouffés par le grondement.

Première lecture.

 

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Cette pièce est l’adaptation par l’auteur en pièce de théâtre du roman intitulé Naamah (Edition l’Age d’Homme février  2012 pour les deux textes.)

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